BIOTECHNOLOGIES,
OGM
ET
PAYSANNERIE
PAUVRE
Par Alain WEIL
Directeur de l’Innovation et de la Communication au CIRAD
(Résumé à partir de
notes prises au cours de l’exposé et de la discussion)
Les OGM font progresser la connaissance sur le vivant, la gestion des
collections de matériel génétique,
l’identification des plantes porteuses de gènes
intéressants, la détermination
des schémas de croisements pour faire des plantes qui ne seront
pas des OGM, mais pour l’obtention desquelles on aura utilisé
des techniques de génie génétique
En ce qui concerne les pays en développement, la meilleure
expression de ce que devrait être une position rationnelle est
une formule de Jacques DIOUF, Directeur Général de la FAO
qui dit en substance : « aujourd’hui, on n’a pas besoin
des OGM pour nourrir la planète, mais demain, peut-être,
à condition qu’un certain nombre de conditions soient
réunies… ».
AUJOURD’HUI
Aujourd’hui les OGM
développés l’ont été pour les conditions
des pays industrialisés et pas pour les problèmes et les
conditions spécifiques des pays en développement et donc
aujourd’hui n’ont que peu d’intérêt pour la plupart
d’entre eux.
Mais il faut quand même constater que ces plantes
génétiquement modifiées continuent à se
développer extrêmement vite. En moins de 10 ans, on aurait
maintenant 84 millions d’hectares, avec une augmentation de 20%, l’an
dernier .
Pour la première fois, l’augmentation est la plus forte dans les
pays en développement :
la Chine et l’Inde entre autres et c’est dans les pays en
développement qu’à relativement court terme, il y aura le
plus de surfaces cultivées en OGM.
Les plantes qui font actuellement l’objet de cultures OGM sont
dans l’ordre : le soja, le coton, le maïs, le colza,
avec en premier lieu des gènes de résistance à des
herbicides et en deuxième lieu, soit seuls soit associés,
des gènes de résistance aux insectes. Si ces cultures se
développent, c’est à l’évidence qu’elles ont un
intérêt, pas uniquement pour les firmes qui les
produisent, mais pour les agriculteurs au plan économique et au
plan de la facilité du travail, de désherbage notamment.
Ces intérêts manifestes ne sont pas transposables dans des
conditions où les premiers freins sont économiques et
financiers.
Aujourd’hui, une culture de pays industrialisé et de pays en
développement, le coton est de loin la première culture
utilisatrice de pesticides au monde : plus de 20 % de l’ensemble
des pesticides. Il est vrai que les variétés de coton
génétiquement modifiées permettent une diminution
des intrants phytosanitaires, intérêt certain, y compris
pour le petit paysannat qui n’a pas toujours les moyens de les acheter.
DEMAIN PEUT-ETRE
Un certain nombre d’intérêts
potentiels sont avancés par les promoteurs de ces
techniques : les résistances aux insectes, les
résistances aux herbicides … qui permettent d’accompagner de
nouveaux modes de culture dans les pays en développement, par
exemple, des cultures sans labour.
On peut aussi envisager de développer la résistance des
plantes à la sécheresse, la tolérances à un
stress hydrique marqué. Un des succès des OGM, serait de
créer des avantages non accessibles actuellement par des moyens
classiques.
A Hawaï, par exemple, la culture du papayer était en passe
d’être complètement détruite par un virus. Ironie
de l’histoire : à l’ombre de ces papayers
transgéniques résistants qui ont considérablement
diminué les vecteurs du virus, on peut se remettre à
cultiver des papayers classiques. Autre exemple : le CIRAD essaie
de développer un vaccin vétérinaire polyvalent
porté par une bactérie transformée qui aurait la
propriété de se diffuser spontanément dans la
nature d’un animal à l’autre.
Dans ces contextes, et la frontière entre agriculture biologique
et OGM est loin d’être nette.
Les possibilités d’utilisation dans le domaine alimentaire
existent, soit pour enrichir en nutriments, en vitamines, en
oligo-éléments, des plantes qui en sont naturellement
dépourvues ou
pas assez dotées, c’est l’exemple du fameux « Golden
Rice », enrichi en précurseur de vitamine A, soit
pour supprimer des protéines allergènes dans un certain
nombre de produits largement consommés.
LE DEBAT
Au niveau du
« peut-être » et du
« demain », beaucoup des critiques virulentes
portées sur les OGM actuellement en culture qui sont le
résultat de la recherche d’hier. Le problème de la
recherche, est de savoir ce qu’on pourra faire demain ou
après-demain à partir des travaux dans les laboratoires
aujourd’hui, à quelles conditions, avec quelles
précautions sans se focaliser uniquement sur les
inconvénients, tout à fait réels pour un certain
nombre d’OGM commercialisés à grande échelle
aujourd’hui sans grand intérêt pour les pays en
développement.
PERSPECTIVES POUR LES PAYS DU SUD
Les conditions nécessaires pour que
les OGM puissent avoir un intérêt dans les pays du
Sud sont multiples, mais la première d’entre elles est de
développer des produits correspondant à leurs besoins
effectifs, avec des précautions indispensables pour s’ assurer
de leur bonne utilisation sur le plan sanitaire, le plan
environnemental …. dans des pays où les changements climatiques
sont souvent beaucoup plus brutaux que dans les pays du Nord, où
l’écologie est beaucoup plus fragile, et beaucoup plus mal
connue. Les mesures de précaution prises par des études
réalisées dans des pays industrialisés ne sont
souvent pas transposables.
Par exemple, l’une des inquiétudes est qu'à la suite de
l’introduction de variété spontanément
résistantes à des insectes, il s’exerce une pression de
sélection extrêmement forte en faveur d’ insectes devenus
résistants au gène insecticide.
Pour éviter cela, un certain nombre de techniques sont
utilisées dans les pays qui cultivent les OGM à grande
échelle, par exemple le fait de conserver dans des
« groupes refuges » des populations naturelles
s’hybridant avec les autres et transmettant les gènes de
non-résistance.
Il est difficile transposer cela dans des pays où les surfaces
cultivées sont très petites, où le niveau de
compétences techniques est faible, où les prises de
décisions collectives sont plus difficiles.
Donc l’utilisation des OGM, quel que soit leur intérêt de
principe, va se poser dans des conditions différentes dans les
pays du Sud et il ne faut pas apprécier les OGM, uniquement sur
le plan des risques sanitaires ou écologiques.
LA SANTE HUMAINE
Les risques sur la santé humaine, on
le sait maintenant, sont extrêmement limités. Il est
très difficile pour un scientifique d’affirmer que quelque chose
n’arrivera jamais, mais on dispose maintenant du recul d’une dizaine
d’années de consommation sous des formes très
différentes par des populations considérables dans le
monde, sans qu’on ait jamais pu relier le moindre problème
d’alimentation humaine à l’ingestion d’OGM. Les études
continuent et pour l’instant n’ont jamais pu montrer la nocivité
pour l’alimentation humaine du moindre OGM.
L’ECOLOGIE
Les risques écologiques sont
déjà un peu plus sérieux, mais pas toujours d’une
nature foncièrement différente de ceux des produits
traditionnels. Le risque de réduction de la diversité
génétique, n’a pas attendu les OGM pour être
constaté : il y a beaucoup moins de variétés
cultivées actuellement que par le passé. Le risque de
voir arriver des espèces invasives n’est pas non plus lié
aux OGM. A priori, les OGM sont plutôt plus surveillés que
les introductions sauvages volontaires ou involontaires de virus,
d’insectes, de plantes introduites par des jardineries, par exemple. Le
risque écologique paraît plus important que le risque
sanitaires pour l’homme mais probablement gérable.
LE RISQUE ECONOMIQUE
Le risque économique paraît
nettement plus sérieux. Les OGM véhiculent un certain
modèle de développement économique par un petit
nombre de sociétés qui vont détenir des positions
clés dans l’alimentation des sociétés et dans une
certaine mesure dans la stabilité politique d’un certain nombre
d’entre elles, phénomène par l’introduction de
manipulations génétiques dans les bonnes
variétés adaptées à des conditions de
cultures déterminées. Il se peut qu’il n’y ait plus de
ventes de variétés traditionnelles non
transformées, par les droits de propriété
industrielle liés au brevets.
Le cadre normal de la protection intellectuelle par le certificat
d’obtention variétale était fondé sur un
régime juridique tout a fait où les ressources
génétiques étaient librement échangeables
de par le monde, sous réserve d’une redevance aux obtenteurs de
variétés d’origine. Le système des brevets est
totalement différent : le titulaire d’un brevet a
parfaitement le droit d’interdire l’utilisation de son brevet. Le
génie génétique relève du droit des brevets
et
par l’insertion de gènes brevetés dans des
variétés, il y a une introduction du système des
brevets dans l’amélioration génétique
traditionnelle qui inquiète fortement les sélectionneurs
et entraîne déjà une diminution de la circulation
des ressources génétiques sur le plan international
LE RISQUE SOCIAL
L’utilisation des OGM est évidemment
une véritable révolution technologique qui va se traduire
par des changements sociaux t importants. Il y a des populations qui
seront capables de maîtriser les technologies et qui en tireront
profit au détriment d’un certain nombre d’autres à
l’intérieur d’un pays comme entre les différentes nations.
La « révolution verte » a permis à
une époque donnée à l’Asie une considérable
augmentation de sa production, mais dans un pays comme l’Inde, beaucoup
de petits paysans sont devenus des paysans sans terre, parce qu’ils
n’avaient pas les moyens techniques de maîtriser les nouvelles
variétés. L’existence des OGM modifie de façon
très importante un certain nombre de flux du système de
commerce international. On sait par exemple maintenant comment produire
du colza et certains types d’huiles industrielles qui étaient
avant l’apanage exclusif de l’huile de copra ou de l’huile de palmiste.
et l’économie entière d’un certain nombre de pays
tropicaux risque d’en pâtir.
Des perturbations sensibles au niveau du commerce international vont
probablement créer des difficultés à certains pays
quelle que soit leur attitude propre par rapport au
développement des OGM : ce n’est pas parce qu’un pays
refusera chez lui de cultiver des OGM qu’il n’en pâtira pas
indirectement.
Les pays en développement sont de toute façon
concernés par le développement de ces techniques et sont
aussi soumis à de très fortes pressions. Actuellement en
dehors de l’Europe, le seul territoire relativement vierge d’ OGM, est
l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Sud. Il y a des
pressions absolument colossales de la part des USA pour faire des
essais de coton génétiquement modifié puis ouvrir
plus largement la porte à d’autres plantes :
démarches commerciales, pressions diplomatiques, mais aussi par
les voies de la coopération universitaire, par l’offre
d’expertise technique, par le biais de règlements et de normes
internationales. Il est extrêmement difficile pour les pays
africains de résister.
LE SYSTEME DES BREVETS
Ces pressions ne sont pas faites dans leur
intérêt. Ou on les condamne et on ne fait rien, ou on les
aide à réagir, à prendre leurs décisions.
Les brevets sont en train d’envahir un domaine où il n’existait
pas il y a dix ans. La question est de savoir gérer une
situation présente et d’avoir une attitude politique, sur des
systèmes de valeurs, d’organisation sociale, sans attendre
d’avoir transformé la société ou d’avoir
transformé la gouvernance mondiale pour prendre position sur les
problèmes posés.
UN DEBAT SOUVENT FAUSSE
Les OGM sont souvent – et c’est ce qui rend
le débat difficile – les otages d’enjeux qui les
dépassent très largement. C’est un thème sur
lequel il n’est pas très difficile de mobiliser des
énergies, de faire passer des convictions très fortes,
avec souvent beaucoup de mauvaise foi, à la fois des promoteurs
et des adversaires les plus résolus de ces techniques. Des
responsables d’associations qui militent violemment contre les OGM,
sont tout à fait capables en privé de reconnaître
que des OGM se développeront un jour et pourront être tout
à fait utiles aux pays en développement. Mais du haut
d’une tribune l’opposition aux OGM est un excellent vecteur pour faire
passer d’autres idées sur l’iniquité du commerce
Nord-Sud, sur le poids des firmes multinationales, sur le manque de
contrôle social, sur les orientations de la recherche, beaucoup
d’idées qui sont étrangères au vrai débat.
LA POSITION EUROPEENNE
L’Europe est dans une situation
extrêmement gênante : réticences
extrêmement fortes et autocensure de la part des pouvoirs
politiques et des organismes de recherche. Au nom du principe de
précaution, on fait de –sinon disparaître – en tout cas e
réduire très fortement les capacités de recherche
dans ce champ. Le sixième programme de recherche de l’Union
Européenne par exemple a pratiquement exclu tout ce qui
était la connaissance du génome végétal,
par peur d’ouvrir la porte aux OGM. Pendant ce temps là les
Américains augmentent leurs efforts d’une façon
absolument colossale. Alors les centres de recherche des entreprises
qui étaient en Europe sont toutes en train de fermer leurs
portes pour partir aux Etats Unis, au Canada ou en Australie, des
chercheurs parmi les meilleurs s’expatrient, les équipes de
recherche se retrouvent sur ces thèmes là sans
interlocuteurs et sans partenaires.
Ce domaine a besoin de forte coopération entre le secteur public
et le secteur privé sous peines de graves inconvénients.
Premièrement, si un certain nombre d’OGM présentent un
intérêt dans des circonstances particulières, il
faudra à les importer de la recherche étrangère en
lui donnant ainsi le pouvoir. Deuxièmement, la recherche sur les
OGM sert pas aussi à faire des progrès en biologie
fondamentale, à donner aux pouvoirs publics les moyens de
prendre leurs décisions de façon éclairée.
S’il n’y plus un minimum de capacité d’expertise publique -et on
peut pas devenir expert uniquement en lisant la littérature des
autres- la décision d’un gouvernement d’autoriser ou pas un type
d’OGM se reposera forcément sur les discours de ses promoteurs.
LES ESSAIS
Ce risque pose la question des
financements et la question des essais aux champs. Il faut faire en
enceinte confinée tout ce qu’on peut y faire mais une plante en
serre ne pousse pas de la même manière que qu’au champ.
Interdire à priori le moindre essai en champ quelles que soient
les précautions dont on l’entoure, c’est interdire d’apporter
des réponses aux questions de transposition des résultats
obtenus en serre vers une culture à grande échelle. On
pose des questions légitimes et comme on n’a pas de
réponses, on décide qu’on ne peut pas autoriser. C’est
une tautologie dangereuse. Le soutien des arrachages au champ et des
motions interdisant les essais au champ par beaucoup d’élus
signifie à terme la disparition de toute expertise publique sur
l’évaluation des risques. Quelle est la capacité de
l’Europe à résister éternellement au reste du
monde surtout si elle n’est plus capable de construire un argumentaire
scientifique pour défendre rationnellement ses positions ?
L’Europe systématiquement condamnée à l’OMC sans
la capacité d’argumenter ses propres refus devrait accepter tout
de façon non discriminée : une situation très
dangereuse, où les politiques n’assument pas leurs
responsabilités.
LA RECHERCHE INDISPENSABLE
Il ne s’agit pas d’être l’avocat des
OGM, mais de la recherche sur les OGM. Sans recherche sur les OGM, nous
ne serons pas en mesure de faire nos propres choix. C’est une question
de société, de légitimité
démocratique interne pour décider de l’utilisation ou pas
des produits résultant de ces techniques. En revanche, si on
interdit la capacité à la fois de se faire un avis
argumenté, raisonné, mais aussi de la défendre vis
à vis de l’extérieur, ce serait très grave.
LE CAS DE LA CHINE
Après une période de prudence
et de recherche en laboratoires les autorités politiques
chinoises sont arrivées à la conclusion qu’elles ne
pourraient pas arriver à nourrir leur population sans recourir
aux OGM. Elles ont une volonté et des discours parfaitement
clairs, des moyens très importants pour la recherche, une
politique très cohérente, font des ponts d’or aux
scientifiques chinois expatriés dans les meilleurs laboratoires
mondiaux, avec l’appui de la puissance financière de la diaspora
chinoise et des liens avec les firmes chinoises implantées dans
toute l’Asie du Sud Est, aux USA… et dans un petit nombre
d’années, il est possible que la Chine soit l’acteur dominant du
paysage des biotechnologies mondiales. L’Inde n’est pas encore un
acteur majeur, mais a tout a fait la capacité de le devenir.
OGM ? QUELS OGM ? POUR
QUI ?
Parler des OGM en général n’a
plus beaucoup de sens. Les OGM résultent d’ un ensemble de
techniques de manipulation, avec lesquelles on peut faire toute chose
et son contraire. On peut introduire des systèmes qui vont
rendre les graines stériles mais on peut aussi faire l’inverse
et introduire dans des plantes comme le mais, par exemple, des
phénomènes d’apomixie qui permettent de re-semer des
graines de mais d’une année sur l’autre. La course technologique
est rapide et nécessite des moyens importants. Les plus petits
pays en développement ont très peur de voir encore
s’accroître le fossé technologique qui les sépare
des pays industrialisés. Ils revendiquent maintenant tous avec
énergie qu’o, les laissequ’on ne leur impose pas nos querelles
de pays riches et prendre leurs décisions eux-mêmes, en
fonction de leur propre système de valeur et de leur propre
organisation sociale mais ils sont demandeurs d’appui technique, d’
expertise, de conseils pour se donner les moyens de leurs choix.
LE RISQUE D’ADVENTICES RESISTANTS
Pour les herbicides, il y a des risques
maîtrisables et d’autres plus menaçants.. La substitution
d’herbicides de type plus ancien et plus nocifs par des herbicides plus
récents et et moins toxiques pour l’environnement est un
avantage en soi. Si par l’emploi répété de plantes
résistantes à différents types d’herbicides de
nouveaux, on crée des plantes, à l’origine des plantes
cultivées, qui deviennent des adventices, résistantes
à tous les herbicides connus, on aura exactement le même
cas de figure que pour les antibiotiques en médecine humaine Il
ne faut pas décider que dans toutes les circonstances, les
plantes résistantes aux herbicides n’ont et n’auront aucun
intérêt, en revanche, il faut effectivement
connaître les risques, essayer de les gérer et c’est
à la société d’estimer d les prendre ou pas, au
regard des bénéfices potentiels
LE COUT DES SEMENCES
Le coût des semences n’est pas un
problème spécifique aux OGM. Savoir développer des
semences améliorées n’est pas à mélanger
avec la façon dont ces semences seront mises à
disposition des agriculteurs. Des systèmes de vulgarisation
agricole ont vu des variétés améliorées
multipliés localement et mises gratuitement à la
disposition des agriculteurs. Le cas du coton est un bon exemple :
les producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest étaient
encadrés par une société qui leur fournissait les
intrants dont la semence et qui se récupérait sur le
produit de la vente au moment de la récolte, et pendant
très longtemps les performances agronomiques des petits pays
africains étaient les plus élevées au monde. Il
faut distinguer l’obtention de la variété et la
manière dont elle est mise à la disposition des paysans.
LES RISQUES D’ALLERGIES
La question des allergies non plus n’est
pas du tout spécifique aux OGM. Il y a un tas de choses qu’on
mange tous les jours qui à l’origine étaient
éminemment allergènes ou le sont encore pour un grand
nombre de consommateurs.
L’exemple le plus souvent cité est celui d’une plante venant du
Brésil dans laquelle on avait introduit une séquence qui
était allergène. Les mécanismes de contrôle
ont parfaitement fonctionné et la variété en
question n’a jamais été commercialisée. Quand on
connaît les allergènes, on peut s’assurer de ne pas les
introduire, avec plus de précision dans les techniques de
manipulations génétiques qu’autrement. En revanche, un
certains nombre de scientifiques pense de d’introduire des fragments
d’ADN dans une plante peut être induire un certain nombre de
réactions internes non répertoriées et non
détectées à priori. Mais ce risque existe aussi
quand on brasse des génomes de façon aléatoire
avec encore beaucoup plus d’inconnues que dans les manipulations de
génie génétique. Il ne faut pas diffuser des
produits à grande échelle sans avoir des systèmes
de bio-vigilance qui permettent de suivre les effets induits, de
détecter des problèmes, de remonter à leur
source : c’est la politique de traçabilité. On ne
peut pas attribuer aux OGM des problèmes d’allergie
spécifiques généralisés et même dans
un certain nombre de cas ils permettent au contraire réduire les
allergies.
L’INFORMATION
Sur les OGM, au début, les
scientifiques discutaient entre eux et n’étaient pas
rentrés dans le débat public. Mais ils ont compris que le
financement de leurs recherches venait de la collectivité,
qu’ils avaient des comptes à rendre sur leurs choix en
matière d’orientation de recherche et sur l’utilisation possible
de leurs travaux et des éléments d’information à
apporter dans le débat public. Cependant un discours
scientifique, par définition, pondéré, fait le
tour d’une question, avec ses avantages, ses inconvénients,
surtout ses inconnus et reste beaucoup plus difficile à faire
entendre que de brandir des grandes peurs et de prédire des
catastrophes.
LA COORDINATION
DE LA RECHERCHE
Jusqu’à une date récente, la
priorité européenne était négative et la
génomique végétale était
taboue ! Il faut travailler sur des appels d’offres d’un
certain nombre de partenaires, notamment étrangers. En France
quelque chose d’original a donné jusqu’à présent
des résultats, c’est le programme national de génomique
végétale « GENOPLANTES » qui
regroupe la quasi-totalité des moyens de la recherche publique
dans ce domaine, les deux grands secteurs industriels
concernés : les semenciers et l’agrochimie. Les semenciers
sont toujours là, l’agrochimie est en train de prendre ses
distances mais toujours est-il que le programme GENOPLANTES existe en
très bonne collaboration entre les organismes, entre le secteur
publique et le secteur privé, avec la participation
financière d’ organisations professionnelles agricoles.
L’ensemble des résultats de GENOPLANTES est accessible à
tous, participants ou pas au financement du programme. Par ailleurs
l’IRD et le CIRAD qui ont une mission particulière d’appui aux
pays du Sud, peuvent utiliser librement tous les résultats de
recherche, qu’ils soient protégés ou non par brevets dans
les pays industrialisés, au service de leur mission. Cette
clause a été acceptée par tous les partenaires.
Mais les budgets publics français par rapport aux budgets des
grandes firmes américaines d’agochimie, ne font pas le
poids et ont beaucoup de mal à être persistants dans
la durée.
Pour les bons scientifiques du domaine, le réseau est par
définition mondial ! C’est plus qu’ un choix
raisonné, mais vraiment une obligation !
SAVOIR INTERDIRE
Dans le débat publique, assimiler le
sang contaminé, l’ESB aux OGM, est vraiment un amalgame sans
fondement voire déshonnête. La vache folle, le sang
contaminé sont issus de modification de procédés
industriels et non pas de recommandations de chercheurs. Ce ne sont pas
les OGM en général qu’il faut interdire mais un certain
genre de manipulation ! Pour des questions de risque, mais tout
autant d’éthique ou de respect d’un certain nombre de
convictions, il faut peut-être proscrire les transferts de
gènes d’un règne à l’autre. Cela mérite
d’être discuté et de faire partie des précautions
à prendre. Mais si un gène de résistance à
la sécheresse du sorgho introduit dans le mais, va se propager
dans la nature, à partir du mais, quel risque
supplémentaire va-t-on courir ? Ce n’est pas l même
chose que de s’amuser à mettre sur un poisson des gènes
de fluorescence de méduse pour faire joli dans un aquarium.
C’est vraiment l’amalgame, la systèmatisation du raisonnement
sur tous les OGM qui est dangereuse sans que cela veuille dire qu’il
faut aussi les accepter tous.
LA PRODUCTION DE MEDICAMENTS
Un certain nombre de médicaments
tout à fait courants sont actuellement produits par le
génie génétique qui supprime les risques de
contamination dont on a vu les effets négatifs par le
passé, mais par des bactéries transformées en
réacteurs dans une zone confinée. Il n’y a probablement
pas actuellement de médicaments produits par des plantes
génétiquement modifiées, mais il y a beaucoup de
recherche sur cette voie des plantes, comme sur la voie de la
production dans le lait ou dans l’urine d’un certain nombre d’animaux.
Pour un certain nombre de molécules la modification
génétique s‘avérera sûrement la voie la plus
efficace, la plus sure et la plus rentable.
En matière de santé humaine, il faut être capable
de comparer le poids respectif des avantages et des
inconvénients de n’importe quel médicament. Quand il y a
des effets secondaires connus on les accepte ou pas selon l’importance
respective des avantages et des inconvénients.
Cette démonstration doit être faite, au cas par cas, sur
chaque produit particulier
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