UTILITÉ DES OGM

Le 9/11/2010

Jean Michel Audy & Bernard Curé

 

L’agriculture des pays développés a connu une croissance extraordinaire au cours des 50 dernières années. On estime généralement que la moitié des progrès dans le domaine des grandes productions végétales est due à la génétique, c’est à dire concrètement à l’obtention de nouvelles variétés de mieux en mieux adaptées aux conditions de culture et aux exigences des utilisateurs.

L’obtention de nouvelles variétés présentant des caractères supérieurs aux variétés antérieures nécessite des opérations longues. Entre le croisement initial de deux lignées et la sortie d’une variété utilisable en agriculture, il se passe environ 10 ans et le résultat n’est pas toujours probant en raison du caractère aléatoire de la redistribution des gènes au fil des générations.

Dans les années 1970, de nouvelles avancées dans la connaissance du fonctionnement cellulaire ont permis d’envisager l’amélioration génétique de façon plus efficace et plus rationnelle. Il devenait possible de transférer un segment d’ADN identifié d’un organisme vivant à un autre par l’intermédiaire d’une bactérie.

Bien entendu, la technique a d’abord été utilisée dans le domaine médical, ainsi, c’est par cette technique que l’on a obtenu des bactéries capables de secréter de l’insuline humaine dont tous les diabétiques bénéficient depuis une vingtaine d’années.

Depuis un peu plus de 10 ans, cette technique a été utilisée pour obtenir des variétés de végétaux dont les caractères n’avaient pas pu être obtenus par les méthodes traditionnelles de sélection. Ces végétaux ont été appelés OGM (Organismes génétiquement modifiés), cette appellation n’est pas très heureuse car elle laisse supposer que la modification génétique est une nouveauté alors que dans la nature, elle est à l’origine de l’évolution et que l’homme l’utilise systématiquement depuis un siècle. Il l’utilise pour produire des végétaux de plus en plus conformes à ses besoins. Dans le domaine médical, on n’a pas parlé d’OGM, mais de génie génétique, ce qui est plus juste et plus valorisant. Mais dans tous les cas, il s’agit du même procédé.

Sans entrer dans les polémiques stérilisantes qui traversent l’opinion, il est utile d’examiner les avancées et les perspectives offertes par cette technologie sans ignorer les questions posées. Nous ne faisons pas ici un inventaire exhaustif, il s’agit seulement de donner quelques exemples dans le domaine des grandes cultures.

 

I / LA TRANSGÈNESE CHEZ LES PLANTES, POUR QUOI FAIRE ?

 
- La résistance aux herbicides
- La résistance aux maladies
- La résistance aux insectes
- La tolérance au froid et au gel
- La valorisation de l’azote par les plantes
- La tolérance aux métaux lourds
- L’amélioration de la photosynthèse
- Adapter la composition des plantes aux besoins des hommes

  A/ Supprimer les mauvaises herbes sans nuire à la culture

La lutte contre les mauvaises herbes est indispensable pour la plupart des cultures sous peine de pertes considérables. La lutte chimique est actuellement la seule vraiment efficace. Elle est délicate car son efficacité dépend des conditions climatiques et elle n’est pas sans danger pour la culture que l’on veut protéger si les conditions d’épandage ne sont pas bien maitrisées. Une voie radicale à laquelle rêvent les techniciens depuis longtemps consiste à appliquer un désherbant efficace et non sélectif qui va détruire toutes les plantes sauf la culture qui aura été rendue résistante grâce à l’introduction dans son ADN de gènes adéquats.

Actuellement, il existe deux herbicides qui ont la propriété d’être particulièrement efficaces quelque soient les espèces et le stade de développement des mauvaises herbes :

- le Glyphosate (Round up)
- le Gluphosinate ou Phosphinotricine (Basta)

Il est possible de rendre des plantes cultivées résistantes à ces herbicides en les rendant capables par voie génétique de métaboliser l’herbicide. Plusieurs plantes ont fait l’objet de modifications dans ce sens.

Le soja RR

Dés son apparition, cette variété a connu un vif succès dans les grands pays producteurs de soja (Etats Unis, Brésil, Argentine). Son rendement n’est pas sensiblement différent de celui des sojas classiques, le coût de la semence est plus élevé d’environ 15 à 30 €/hectare. Malgré ce handicap, le soja RR a remplacé environ 80% des anciennes variétés. Ce succès a ses raisons :

De nombreux agriculteurs sont passés à des techniques culturales sans labour, d’où une économie substantielle de carburant et de matériel, une meilleure préservation des sols sensibles à l’érosion, un désherbage plus efficace et beaucoup moins d’impureté à la récolte. La faible persistance de l’herbicide dans le sol permet l’absence d’effets sur la culture suivante.

Au total, le gain a été évalué à 46€/hectare aux Etats Unis. Tout laisse penser que les anciennes variétés vont disparaître prochainement.

Le colza CANOLA

L’intérêt est encore plus net, en effet, il devient possible de pratiquer la culture sans labour, le coût du désherbage est diminué de 30% au Canada, il pourrait être diminué de 25% en Europe d’après le CETIOM (Centre Technique Interprofessionnel des Oléagineux Métropolitains) . Les rendements sont augmentés d’environ 6 quintaux par Hectares. Dans l’ouest du Canada, le Canola occupe 55% des surfaces avec les deux variétés cultivées : le RR de MONSANTO et le LIBERTY LINK de BAYER. Avec ces variétés, le gain de travail est d’environ 11% et l’augmentation de productivité de 20%.

La betterave

.La betterave est très sensible à la concurrence des mauvaises herbes. Ainsi 3 à 6 traitements sont nécessaires en pré-levée et 2 à 4 en post-levée. Des travaux réalisés par l’ITB (Institut Technique de la Betterave) montrent que les variétés transgéniques permettraient de diviser par deux le nombre de traitements, avec une efficacité très supérieure.

Des études ITB (2001) montrent :

o       un gain de rendement de 3 à 5 % et une réduction de 23 % de main d’œuvre

o       aucun impact sur l’environnement

Enfin, aucune trace de métabolites dérivés de l’herbicide n’est observée dans le sucre du fait des procédés d’épuration et cristallisation.

Une étude du NC FAP réalisée en Europe (Gianessi 2003) concluait à une économie possible d’herbicide de 111 € / Ha.

A noter que des variétés de betteraves résistantes aux herbicides se développent rapidement aux USA

Le bilan est favorable pour l’agriculteur, avantageux pour l’environnement.

 

B/ Rendre les plantes résistantes aux maladies

Les maladies à virus

La voie envisagée pour obtenir cette résistance consiste à faire produire par la plante un ARN ou une protéine d’origine virale susceptible de perturber ou de bloquer le cycle de développement des virus.

Cette stratégie a été appliquée avec succès a plus de 40 virus et concerne entre autres: tabac, tomate, courgette, melon, concombre, pastèque, pomme de terre, papaye, manioc, luzerne

Les maladies cryptogamiques

La résistance aux maladies provoquées par les champignons est plus complexe à obtenir. Les principaux travaux en cours concernent la fusariose du maïs et du blé, la carie du blé, le mildiou de la pomme de terre.

Les maladies dues aux bactéries

La résistance du poirier au feu bactérien est à l’étude.

Une approche délicate

La résistance complète aux virus, champignons et bactérie semble difficile à obtenir. Cela peut expliquer le faible développement des variétés transgéniques résistantes (notons aussi le peu d’enthousiasme des firmes phytosanitaires…).

Il faut également souligner que de telles résistances pourraient modifier les relations de la plante avec les micro-organismes favorables à son développement.

Néanmoins les pistes ouvertes restent prometteuses.

 

C/ Des cultures sans épandage d’insecticide

Un grand nombre de souches microbiennes ont été étudiées, ce qui a permis d’identifier une centaine de toxines différentes qui ont une action insecticide. Chacune a une action sur des familles d’insectes bien définies. Ces toxines détruisent les cellules de l’intestin des insectes sensibles qui cessent de s’alimenter et meurent. Les gènes responsables de la production de chacune de ces toxines ont pu être identifiés. Transféré dans une plante, chacun de ces gènes provoque la production de l’insecticide correspondant par la plante elle-même selon différentes modalité :

-               l’insecticide peut être produit par tous les tissus de la plante

-               seulement par l’appareil végétatif à l’exclusion du pollen et de la graine

-               seulement à la suite de l’attaque de l’insecte : piqures ou début de consommation des feuilles par les larves.
         Il faut noter que le ciblage de chaque insecticide sur telle ou telle famille d’insecte est beaucoup plus précis que ce qui peut être obtenu avec les insecticides épandus sur les cultures.

Le maïs MON810 produisant un insecticide efficace contre la pyrale et la sésamie constitue un exemple des applications possibles dans cette direction.

 

D/ Des plantes tolérantes au froid et au gel

La sélection classique a été très efficace pour ce caractère. L’identification des gènes en cause dans la résistance au gel fait l’objet de recherches : des protéines antigel sont connues chez certains poissons, facteur de transcription CBF1 d’Arabidopsis, etc. D’autres gènes ont pour effet de préserver la plante à la dessiccation due au gel par l’augmentation de concentration cellulaire.

 

E/ Vers la diminution ou la suppression des engrais azotés

Certaines plantes cultivées sont connues pour leur capacité à fixer l’azote de l’air grâce à une symbiose avec une bactérie, ce sont les légumineuses : luzerne, trèfles, haricots, pois, fèverole etc.

Ces plantes n’ont pas besoin d’un apport important d’engrais azotés.

La plupart des autres familles de plantes ne peuvent utiliser que l’azote minéral du sol. Parmi ces dernières, les graminées largement utilisées en agriculture sont particulièrement exigeantes en azote et nécessitent des apports d’engrais azotés très importants. Il y aurait un grand intérêt économique pour les agriculteurs à rendre ces plantes autonomes quant à leur alimentation azotée comme les légumineuses.

De nombreuses équipes de recherche y travaillent à travers le monde et la transgénèse est un passage obligé pour y parvenir.

 

F/ La dépollution par les plantes

La pollution par les métaux lourds ; mercure, plomb, cadmium.. est de plus en plus répandue. Leur accumulation pose des problèmes de santé humaine.

La « phytomédiation » consiste à cultiver certaines plantes sur les sols pollués pour fixer les ions indésirables. Cette méthode est lourde. Il faut réaliser plusieurs cultures successives sur le même sol pour obtenir une dépollution significative.

La transgénèse devrait conduire à l’obtention de plantes plus efficaces.

Une crucifère (Thlaspi cerulescens) est bien connue pour sa capacité de rétention du zinc (plus de 3 % de sa matière sèche). L’identification des gènes en cause permettra d’envisager un transfert dans des plantes plus faciles à cultiver.

Le transfert du gène YCF1 de la levure chez Arabidopsis lui confère une aptitude à accumuler du plomb et du cadnium etc …

Il reste à transférer ces systèmes génétiques à des espèces faciles à cultiver et produisant une biomasse importante.

 

G/ Vers une meilleure valorisation de l’énergie solaire

La photosynthèse est une manière efficace de valoriser l’énergie solaire. Certaines plantes ont un rendement photosynthétique supérieur à d’autres. Par exemple le maïs ou la canne à sucre fonctionnent toujours à plein rendement alors que les céréales de nos zones tempérées s’arrêtent de fonctionner quand la température dépasse 30°. Les premières produisent une enzyme la PECP qui est responsable de ce meilleur fonctionnement. Transférer le gène responsable de la production de cette enzyme aux céréales permettrait une amélioration sensible des rendements grâce à un meilleur fonctionnement des plantes en fin de végétation, en Juillet, au moment où les grains se chargent en amidon.

 

H/ Du riz plus complet

La composition des plantes est liée à la présence de certains gènes. Il est donc possible de modifier la valeur alimentaire des parties consommées .

C’est ce qui a été fait avec le riz doré dont la teneur en vitamine A a été augmentée de façon significative pour combattre la cécité dans des régions où le riz est la base de l’alimentation. Son appellation de riz doré est due à la couleur que lui donne la vitamine A.

Il est possible d’envisager dans l’avenir une amélioration de la qualité protéique des plantes, de leur digestibilité ou de la teneur en tel ou tel nutriment intéressant.

 

II/ UNE INNOVATION TRES CONTROVERSÉE. POURQUOI ?

Peu d’innovations ont provoqué des débats aussi vifs que la transgénèse. Des experts s’affrontent, des citoyens détruisent des champs d’OGM qu’ils appartiennent à des agriculteurs ou à des Instituts de recherche.

 Essayons d’oublier ces débordements et ces excès pour examiner raisonnablement s’il y a lieu de s’inquiéter ou de rester serein face au développement inévitable de la transgénèse.

Quelles sont les questions souvent posées dans tous ces débats ?

 
- L’agriculture sera-t-elle modifiée ?
- Les OGM peuvent-ils réduire la faim dans le monde?
- Quel impact sur la santé humaine et animale ?
- Quel impact sur la biodiversité et l’environnement ?
- Quelles conséquences pour l’industrie agro-alimentaire ?
- La Recherche peut-elle faire l’impasse sur la transgénèse ?
- OGM et démocratie…
- Peut-on arrêter le progrès ?

 

A/ L’agriculture ne sera pas modifiée, elle pourra poursuivre sa croissance

 

Le tableau suivant indique au niveau mondial les pertes subies par différentes cultures suivant qu’elles sont sans protection ou bénéficiant de l’ensemble des protections actuellement pratiquées.

 

Pertes subies par différentes cultures

DERK et DEHNE (1994/1997

Sans protection

Protection actuelle

Coton
83,8%
36,9%
Riz
82,4%
51%
Pomme de terre
73,4%
41,87
Maïs
59,3%
39,6
Céréales
50%
32%
 

Bien sûr, ces chiffres moyens cachent des différences considérables d’une région à l’autre du globe. Nous pouvons en retenir que la protection des plantes contre les mauvaises herbes, les maladies et les ravageurs n’est pas un gadget pour agriculteurs en mal de perfectionnisme. Il s’agit bien d’une nécessité absolue. Agir sur l’efficacité de cette protection en même temps qu’on en diminue le coût est une impérieuse nécessité.

La protection des cultures par épandage de produits ne présente pas toujours une efficacité et une sélectivité suffisante. En plus elle n’est pas toujours bien appliquée, parfois polluante et dangereuse surtout pour l’utilisateur.

La résistance génétique aux maladies, aux ravageurs, aux herbicides apparaît comme une meilleure solution, généralement moins coûteuse à combiner avec d’autres.

L’amélioration des plantes a toujours recherché des variétés plus résistantes ou tolérantes  mais la variabilité génétique au sein des espèces n’a pas toujours permis de trouver les résistances recherchées, en particulier aux insectes.

  Les biotechnologies constituent une approche très prometteuse pour diminuer les pertes grâce à la résistance de la plante elle même en diminuant parallèlement l’utilisation de produits chimiques. Si elles étaient mieux acceptées, elles permettraient une réelle avancée de l’agriculture biologique . 

Les risques agricoles

-               L’apparition d’espèces résistantes échappant à la défense de la plante à protéger est réelle, mais ce phénomène est très général et n’est pas spécifique aux plantes issues de la transgénèse. C’est un risque récurrent dont l’agriculteur connaît parfaitement les parades : nouvelles molécules pour la lutte chimique ou alternance de molécules de familles différentes, nouveaux gènes pour la lutte génétique, assolement et travail du sol en ce qui concerne les mauvaises herbes.

 L’existence de ce risque qui existe également en médecine humaine ne peut en aucun cas constituer une excuse pour l’inaction : on ne renonce pas à l’emploi des antibiotiques sous prétexte que des bactéries deviennent résistantes.

-               Des plantes cultivées résistantes aux herbicides peuvent devenir gênantes en repoussant dans la culture suivante. Il faudra alors revenir à la lutte chimique avec des produits spécifiques pour éliminer les repousses.

-               Plus inquiétante est la possibilité d’hybridation de la plante OGM résistante à un herbicide total avec des adventices qui lui sont proches sur le plan botanique les rendant ainsi indestructibles dans la culture (par exemple hybridation colza / moutarde sauvage). Il serait donc prudent d’éviter la culture d’un tel OGM dans un milieu contenant des adventices proches génétiquement avant d’avoir la certitude qu’ils ne peuvent pas se croiser

-               Le surcout des cultures du à l’obligation de rachat par l’agriculteur de sa semence chaque campagne. Cette objection n’en est pas une en ce sens qu’aucun règlement spécifique aux OGM n’existe sur ce plan. Le fait que l’agriculteur ait la possibilité ou non d’utiliser sa propre semence ne tient pas au caractère OGM de celle-ci. Lorsqu’une plante est un hybride, l’agriculteur doit racheter la semence tous les ans, ce n’est pas un règlement, c’est son intérêt en raison du comportement de l’hybride au cours des générations successives. En effet, dés la première génération, le phénomène de disjonction bien connu des généticiens fait que l’agriculteur va se trouver en présence d’un mélange de plantes qui ont en général des tailles, des dates de maturation, des sensibilités, des rendements très différents. La culture devient ingérable.
         Il est possible qu’une variété OGM soit une lignée pure et non un hybride, alors rien ne s’opposerait à ce que l’agriculteur produise sa propre semence selon les mêmes règles que les autres semences. C’est ce qui se passe par enemple avec le soja RR en argentine où les agriculteurs sont juridiquement autorisés à prélever leur semence sur la récolte.

-               Il est souvent objecté que l’agriculteur devient dépendant d’un fournisseur dont les intérêts sont très éloignés des siens. Cette objection vaut pour toutes les fournitures agricoles, la défense de l’agriculteur est dans sa liberté de prendre ou de rejeter ce qui lui est proposé. Cette liberté sera d’autant plus réelle qu’il existera une véritable concurrence de l’offre.

 
 

B/ Les OGM ne peuvent pas juguler la faim dans le monde, mais ils peuvent y contribuer.

Aujourd’hui, plus d’un milliard d’hommes ne disposent pas d’aliments en quantité suffisante. Que va-t-il se passer quand, en 2050, il y aura 9 milliard d’hommes sur terre. Il est certain que tous les moyens devront être mis en œuvre : mise en culture de terre aujourd’hui incultes, meilleure maitrise de la défense des cultures, augmentation des rendements etc

Mais avant tout, il faudra créer dans les pays du sud les conditions d’un développement agricole. Tant que les agriculteurs ne sont pas mis à l’abri des fluctuations des cours mondiaux et assurés de prix rémunérateurs, aucune technique ne permettra le développement des cultures vivrières dont les populations locales ont besoin. Pas plus les OGM qu’aucune des techniques qui ont permis de développer l’agriculture des pays industrialisés.

L’Europe avec la PAC issue du traité de Rome a montré comment on pouvait passer de la pénurie à l’abondance.

Là où les conditions requises pourront être rassemblées, les OGM peuvent jouer un rôle considérable en permettant la mise au point rapide de végétaux adaptés aux situations diverses : adaptation à la sècheresse, tolérance des végétaux au sel, qualité protéique convenable des aliments (riz doré) etc…

 

C/ Génie génétique et santé humaine et animale

A priori, rien ne laissait penser qu’en prélevant une partie du génome d’un être vivant connu pour le fixer sur l’ADN d’un autre être vivant connu, on allait produire un organisme dangereux pour l’homme. Nous consommons chaque jour des milliards de cellules, chacune contenant l’ensemble du patrimoine génétique d’animaux ou de plantes sans modification de notre ADN. Manger de l’entrecôte ne fait pas pousser des cornes. En effet, les molécules d’ADN porteuses de l’information génétique sont complètement démolies lors de la digestion et notre organisme reconstruit les cellules qui nous sont propres avec les briques qui seules traversent notre paroi intestinale. Le fait qu’une partie du génome des cellules ingérées ait été introduit par transgénèse ne change rien au processus

Bien entendu, la prudence normale des scientifiques honnêtes les a toujours empêché d’assurer qu’une technique quelle qu’elle soit ne produira pas un jour un inconvénient inimaginable aujourd’hui. Cette prudence permet à certains de nourrir des peurs irraisonnées sans qu’il soit possible de les démentir formellement.

Après 20 ans d’application de ces techniques dans le domaine médical et dans le monde de la microbiologie et après plus de 10 ans d’application dans le domaine des semences des grands produits agricoles, aucun danger lié à cette technologie n’a pu être décelée. Or des centaines de millions d’individus ont ingérés les produits qui en sont issus ou les ont reçu directement dans le sang.

Certains exemples d’inconvénients ont été cités. Il est arrivé qu’une plante Brésilienne ait reçu une séquence de génome qui s’est révélée allergène… tout comme il existe dans la nature des plantes allergènes auxquelles les individus sont plus ou moins sensible (exemple le blé et le gluten, mais aussi beaucoup de plantes sauvages). La plante en question n’a jamais été commercialisée. Cette anecdote montre que le génie génétique comme les autres méthodes de sélection n’est pas infaillible. Elle montre aussi que les systèmes de contrôle sont capables de déceler les inconvénients.

Un certain nombre de scientifiques formulent l’hypothèse que l’introduction de fragments d’ADN dans le génome d’un organisme qui ne le contenait pas auparavant peut induire des réactions métaboliques imprévisibles aujourd’hui.

Cet argument vaut pour toute nouveauté biologique qu’elle soit obtenue par transgénèse, mutation ou tout autre méthode de croisement interspécifique.

Il montre en tout cas qu’il faut rester vigilant quelles que soient les méthodes d’obtention des végétaux. Il a le mérite de focaliser l’attention sur des accidents toujours possibles.

Ces inconvénients hypothétiques, ne doivent pas faire oublier les avantages pour les consommateurs que les OGM permettent d’espérer . Citons entre autre :

-       Qualité des apports glucidiques

-       Amélioration de l’équilibre des acides aminés

-       Qualité des acides gras (huiles)
-       Teneur en anti oxydant (légumes - fruits)

-        Qualité culinaire : pommes de terre plus denses permettant une moindre absorption d’huile lors de la friture

-       Fruits sans pépins
-       Qualité esthétique (fleurs)
 

D/Action sur la bio-diverité et l’environnement

● Les risques écologiques liés aux OGM ne sont pas d’une nature différente de ceux des semences traditionnels. La réduction de la diversité génétique, n’a pas attendu les OGM pour être constatée : il y a beaucoup moins de variétés cultivées actuellement que par le passé. Ce phénomène qui n’a rien à voir avec la transgénèse, est du à la nécessaire simplification du travail de l’agriculteur. Il tient aussi au fait que de nombreux caractères favorables ont pu être rassemblés dans les variétés modernes les rendant plus compétitives que les anciennes.

Le risque de voir disparaître avec les variétés anciennes des caractères qui deviendraient utiles dans le future est pratiquement inexistant. En effet, les conservatoires mondiaux des espèces et variétés cultivées comme le CIMMYT à Mexico sont beaucoup plus efficaces pour la conservation de la biodiversité d’une espèce que son maintien dans les cultures contemporaines. Notons au passage que parler de perte de biodiversité à l’occasion de la production de variétés nouvelles ne manque pas de sel.

La dispersion du pollen

Les agriculteurs cultivant des variétés traditionnelles craignent de voir leur récolte fécondée par le pollen de la culture OGM d’un champ voisin.

Le risque est faible car le pollen des variétés OGM n’est pas plus volage que celui des autres variétés de la même espèce. Le taux de fécondation croisée est faible et de toute façon compatible avec la garantie sans « OGM » fournie au consommateur.

 

E/ Conséquences pour les industries connexes de l’agriculture

La transgénèse permet d’adapter des variétés aux procédés industriels, citons entre autre :

-       Amélioration de la qualité des amidons de la pomme de terre en vue des usages industriels

-       Enrichissement en acides gras insaturés du colza et du soja

-       Amélioration de la qualité des bois pour l’industrie papetière

-       Fabrication de bio-matériaux

Nous ne citons ici que la modification des végétaux issus de l’agriculture. L’industrie agro-alimentaire fait largement appel à la transgénèse pour améliorer la fabrication de ses produits en particulier dans le domaine des ferments (levures, présures etc).

 

F/ La recherche scientifique et technique

Après avoir été en pointe dans le domaine de la sélection variétale, la recherche française publique et privée est en train de rater le train de la transgénèse. Ce n’est pas par inconscience ou incompétence, mais la pression de l’opinion publique française est telle que les jeunes cerveaux ne veulent plus investir leur carrière dans un domaine aussi contesté, ceux qui ont une vocation marquée pour la génétique appliquée s’expatrient. La recherche publique a du mal à recruter sur ces sujets. Les firmes privées qui ont les moyens d’aborder cette technologie sont écœurées et exportent leurs installations sur d’autres continents. Les dégâts risquent d’être considérables et le résultat va être l’inverse de ce que les détracteurs des OGM prétendent obtenir. Au lieu de barrer la route aux multinationales qui actuellement produisent des OGM, nous faisons tout pour leur offrir une situation de monopole.

 

G/OGM et démocratie

Il peut paraître curieux de parler de démocratie à propos d’un sujet aussi technique. Mais, la polémique sur les OGM a pris une telle ampleur que les décideurs ont été amenés à prendre des décisions où il est quelquefois difficile de trouver la raison. A ce titre, il est paradoxal que la Commission européenne autorise l’entrée de produits OGM sur le marché et en interdise la culture sur son territoire ! La raison voudrait une position plus claire :

Les OGM sont dangereux pour les citoyens et ils devraient être interdits à la vente comme à la production.

Ou les OGM sont inoffensifs et ils doivent être autorisés à la vente et à la production.

De plus, quelques citoyens se croyant bien informés s’autorisent à détruire régulièrement les champs de culture OGM, c’est là que la démocratie est en question. De quel droit, des faucheurs excités par quelques agitateurs professionnels pourraient-ils détruire le fruit du travail de leurs semblables sous le prétexte qu’ils ne veulent pas consommer de produits OGM.

Il est légitime d’accorder à chacun le droit de consommer ce qu’il souhaite.

Les végétariens ont le droit de choisir leur régime, les adeptes du bio ont le droit de consommer bio, les uns ont le droit de consommer les produits halal, les autres les produits casher, chacun selon ses croyances, mais jusqu’à présent, aucune de ces catégories de citoyens ne s’est mis en tête d’imposer ses pratiques à tous. Pourquoi les anti-OGM interdiraient-ils au monde entier de consommer des OGM ?

Pourtant, il n’est pas interdit de penser que les cultures OGM ont reçu moins de produits phytosanitaires que les cultures traditionnelles. Chacun doit pouvoir choisir son risque, OGM ou produit chimique. A ce titre, l’étiquetage « sans OGM » paraît raisonnable, puisqu’il laisse à chacun la liberté de son choix. Espérons que le temps facilitera le retour à un débat serein et rationnel. Mais que de temps perdu dans un monde où tout va très vite !

 

On n’arrête pas le progrés

Rarement une découverte aura dégagé autant de perspectives d’avancées spectaculaires dans le domaine du vivant. La transgénèse donne à l’homme la possibilité d’adapter les micro organismes, les plantes et sans doute demain les animaux à ses besoins. Les découvertes fondamentales qui ont généré cette technologie datent de la fin des années 1970 et déjà, les obtentions qui en découlent sont spectaculaires. Toutes les grandes découvertes qui ont fait avancer l’humanité ont des avantages et des inconvénients : la maîtrise du feu a été déterminante pour le développement de l’humanité, pourtant, on peut se brûler, l’électricité est une merveille, pourtant, on peut s’électrocuter, les rayons X nous ont été bien utiles, pourtant il sont dangereux… la liste est longue. L’histoire montre que l’homme ne renonce jamais à une avancée majeure ; si elle présente des dangers, il apprend à les maîtriser. Dans le cas particulier des OGM, remarquons que plus de 30 ans après la découverte de la transgénèse, les dangers qui en découleraient demeurent hypothétiques, voire imaginaires.